En 2012, le mouvement des « pigeons », inversé en « geonpi », a suscité une vive mobilisation sur les réseaux sociaux. Initié par des entrepreneurs en colère contre une réforme fiscale, ce mouvement a rapidement atteint son apogée avant de disparaître. Retour sur un épisode marquant de l’activisme digital en France.
Une révolte née sur les réseaux sociaux
En automne 2012, un mouvement de protestation inédit a émergé sur les réseaux sociaux. Des entrepreneurs, inquiets par l’introduction d’une taxe sur les plus-values, ont exprimé leur colère en se déclarant « pigeons ». Ce terme, rapidement adopté en verlan sous la forme « geonpi » et mentionné dans un article publié sur le blog Naro Minded, a servi de cri de ralliement pour une campagne virale visant à sensibiliser l’opinion publique.
Les plateformes telles que Facebook et Twitter ont joué un rôle central dans la diffusion de leur message. En quelques jours, des milliers de soutiens ont été réunis, obligeant le gouvernement à réagir. Cette mobilisation numérique s’est illustrée par une organisation rapide, mais dépourvue de structure formelle, ce qui reflète les caractéristiques des mouvements contemporains fondés sur la viralité.
Un succès aussi fulgurant qu’éphémère
Malgré son impact initial, le mouvement des « geonpi » s’est rapidement essoufflé. Dès l’année suivante, la dynamique militante s’est estompée, laissant place à d’autres initiatives similaires, telles que les « moutons » ou les « poussins ». Toutefois, ces nouvelles frondes n’ont pas réussi à reproduire l’ampleur du phénomène initial.
Cette éphémérité a mis en lumière les limites du militantisme libéral. Ce dernier repose souvent sur des revendications à court terme, focalisées sur des intérêts individuels. En outre, l’absence d’une organisation durable a compromis la pérennité et la profondeur de l’engagement politique.
L’héritage ambigu d’un activisme digital
Avec le recul, le mouvement des « geonpi » illustre les paradoxes de l’activisme numérique. Bien qu’il ait démontré la capacité des réseaux sociaux à mobiliser rapidement une large audience, il a également souligné leur incapacité à ancrer des projets de société sur le long terme. Cette forme d’engagement, bien que puissante pour faire entendre des revendications immédiates, manque souvent d’une vision structurée et pérenne. En effet, l’utilisation de plateformes digitales, si elle permet de toucher un public étendu, ne garantit pas la mise en place de solutions concrètes ou de réformes durables.
Par ailleurs, la viralité, moteur principal de ces mobilisations, tend à privilégier des messages simples et percutants au détriment de discussions approfondies et nuancées. Cela peut entraîner une superficialité des débats et une absence de réflexion stratégique sur les moyens de transformer les revendications en actions tangibles. En somme, l’impact immédiat, bien que significatif, n’a pas été suivi par des structures capables de porter un véritable projet de société à long terme.
Ainsi, l’histoire des « geonpi » demeure un exemple éclairant des opportunités et des limites de l’activisme contemporain, où la viralité semble souvent primer sur la profondeur des débats.